L’Atelier Haïku 3 « Hiver » par Laurence
Cet atelier a eu lieu en janvier 2022. Oui, ça remonte, je n’écris pas vite les articles. Mais parfois c’est plus agréable de raconter un joli souvenir du passé que de faire du reportage de ce qu’on vient de vivre sans prendre du recul. Oui, ça ressemble à une excuse…
Laurence Schaack, auteur de roman jeunesse, expérimentée de l’atelier d’écriture, a animé notre atelier haïku. Elle nous a fait faire deux types d’exercices d’écriture et nous étions contents de les avoir découvert.
Les participants et auteurs de ces haiku : Philippe, Solange, Christian, Evelyne, Jade, Akané, Jérôme et Tchié
SÉQUENCE 1 : ÉCRITURE RYTHMÉE COLLECTIVE
Ça a démarré avec un exercice d’échauffement. Il fallait trouver des mots vite dans un temps limité en comptant les syllabes, et puis on passait la suite du poème à la personne d’à côté. Il s’agit de l’écriture collective type « cadavre exquis ». Les haïkus obtenus n’étaient pas forcément tous convainquant et manquaient souvent de sens. Mais parmi ces haïkus impros, on a trouvé quelques compositions réussies et rigolotes. Voici quelques exemples ;
La pluie tombe dru
Sur la campagne verte toute la nuit
Esquisse de soleil
Le son du verre en
Cristal de plomb, cristal pur
Au soir de ce jour
La tête tourne bien
A l’envers oui mais après le champagne
Ce soir, profond bleu
Ah nez pointu qui
Le chat de mimi cracra
Miaou file vite
Wahou les étoiles
Voguent mes yeux embués
De la perle de larmes
Eau pure dans le vent
Qui bouge dans le chemin blanc
Vent fort caresse ma peau
Allez donc où tu veux
Dans ton jardin plus secret
La hutte de ma clé
Ma vie se cogne
Ma vie s’éteint un soir
Ma vie tombe par terre
Yeux verts, ronds, perçants, durs
Drôle de jeune visage
Mais je sais qui c’est
La lyre chante avec toi
Esprit isolé sur des notes
De joie et de danse
Vos âmes noires perdues
Chantent clair dans la flûte
Transparente claire
En vrac, légumes et céréales
Que je croque chez ma mère
Ah, quel bel hiver
Tic tac une horloge
Tic toc un réveil éteint
Tic tic fin du rêve
SÉQUENCE 2 : LE DERNIER LOCUTEUR
Et puis le deuxième exercice était de composer des haïku avec des contraintes (un thème, une photo ou image et un mot). Le thème était le dernier locuteur, il fallait se mettre à la place de la dernière personne qui parle sa langue maternelle qui est en train de disparaître.
Au bord du chemin
De grandes herbes me protègent
Je voudrais encore nager
Plic ploc, la douleur
Cœur brisé, mort solitude
Désert infini
Youpi ! Délivrance!
Plus besoin de tant d’études !
Elle a disparu
C’était le destin
tout fini par disparaître
comme cette langue
Noyé dans le vide
Sur quelle âme je me repose
Personne, adieu, mort
Moi, le seul qui reste
Habille mon successeur de mots
Pour combler le sceau
Vois les vents, les ondes,
Langue trier et emporter
Vois les mots rester
Suspendu dans l’air
Pétrifié dans un fossé
Le chapeau de mon pépé
Je suis le dernier
Et toi, tu le vis comment
Cet âge gris et terne ?
Vestige d’un autre âge
Technologie obsolète
Courir après quoi ?
Est-ce le renouveau
Ou la fin ? Je ne sais plus
Cours vers ton propre temps !
C’est la fin d’un monde
Fumée noire et pollution
Ah bientôt, enfin …
Désolation, ruines…
Langue et sémantique perdues
Mais porteur d’espoir
Ma langue s’efface
Une ride dans l’immensité
Dernier sourire