«Jun, la voix du cœur» 心が叫びたがってるんだ

Rédigé par Jérôme

«Jun, la voix du cœur» 心が叫びたがってるんだ «Kokoro ga sakebitagatterunda» littéralement «mon cœur est sur le point de vouloir crier») de Tatsuyuki Nagai (2015)

          Récemment j’ai découvert un superbe film d’animation japonaise déjà daté de 2015 mais distribué seulement en 2017 en France, «Jun, la voix du cœur». Cet animé m’a impressionné tant par son animation de très grande qualité et par sa bande son tout simplement excellente, que par son histoire, ses personnages ou encore par les sentiments qu’il arrive à nous transmettre. J’ai été littéralement happé et conquis par cette histoire somme toute assez simple de lycéens japonais, j’en ai même versé une larme sur la fin tant l’histoire m’a touché.

          Petit synopsis : une enfant plutôt bavarde et enjouée voit quelque chose qu’elle ne devrait pas voir, son père qui ressort d’un love-hôtel avec une femme autre que sa mère. Étant encore très petite elle ne comprend pas les tenants de cette situation mais elle répète ce qu’elle a vu à sa mère. S’ensuit un divorce qui traumatise la petite puisque les parents rejettent la faute sur elle (elle parle trop lui dit son père). La petite fille, Jun, voit ensuite un personnage imaginaire ou fantastique (en fait un personnage en forme d’œuf) lui ôter sa voix, elle ne pourra désormais plus parler sans que cela ne lui donne d’atroces souffrances sous forme de maux de ventre, elle en devient ainsi quasi muette.

          Nous la retrouvons ensuite bien plus tard au lycée, toujours sans voix, mais son professeur principal, un prof de musique, qui organise le projet de spectacle de fin d’année de l’école lance l’idée d’une comédie musicale. Jun, au début réticente, va ensuite se persuader, après avoir écouter un des élèves de sa classe chanter, que grâce au chant et à la musique elle pourra enfin retrouver la parole, ou tout du moins qu’elle pourra exprimer ce qu’elle a dans son cœur.

          D’autres histoires concernant 3 élèves de sa classe (et qui sont les autres personnages principaux du film, ceux qui seront en charge d’organiser la comédie musicale avec Jun) vont aussi se mêler à la trame principale et nous montrer d’autres tourments de l’adolescence, car il n’est finalement ici question presque que de ça, comment exprimer ses sentiments à l’âge de l’adolescence. L’œuf et sa coquille qui protège mais qui isole devront être brisés pour que nos personnages puissent enfin exprimer leurs émotions.

          La trame est lancée, certes on est dans du mélo avec cette histoire touchante et triste type manga shôjo, mais cette fois-ci abordé d’une manière beaucoup plus sérieuse et beaucoup moins niaise que dans bon nombre de productions animées. Ajouté à cela une légère pointe de fantastique avec ce personnage imaginaire ou pas qui lui a ôté sa capacité de parler, une narration et un scénario très bien construits, des dessins soignés avec des décors très bien détaillés, une animation fluide, de la poésie et vous obtenez un film d’animation dont on peut légitimement se demander comment il n’a pas connu la sortie cinéma qu’il aurait dû connaître.

          Concernant les personnages, Jun est rafraîchissante, craquante, son visage et ses mimiques, ses expressions corporelles, son langage particulier, son mutisme aussi, amènent une touche d’humour et de sensibilité propre à son personnage et à ce film. Les autres lycéens, et je pense surtout aux trois autres personnages principaux, ont été aussi bien étudiés et chacun a ses propres problèmes qui amèneront finalement leurs pierres à l’intrigue de cette histoire.

          Parmi les points forts de cette animation, parlons aussi du doublage des voix et notamment de Inori Minase, qui double la voix de Jun, elle livre une véritable performance dans les intonations et les sons de la voix d’une jeune lycéenne qui ne peut pas ou presque pas s’exprimer. Et puis comment ne pas parler du final riche en émotions où l’actrice doubleuse et chanteuse m’a arraché quelques petites larmes avec son énorme interprétation sur la musique traditionnelle anglaise Greensleeves. Rien que pour la scène finale, la comédie musicale enfin aboutie, cet animé mérite amplement d’être vu.

          Autre gros point fort donc vous l’aurez compris, la musique, omniprésente tout au long de l’animé. Le musicien Mito du trio Clammbon et le compositeur Masaru Yokoyama ont savamment mêlé et dosé un mélange d’interprétation japonaise, de partitions connues («Over the rainbow» dans «Le Magicien d’Oz», «Around the world»), de musique classique («Greensleeves», Beethoven et sa sonate pour piano n.8 opus 13 dite «Pathétique») et de J-pop (avec le groupe d’Idols Nogizaka 46). Je me surprends encore à écouter la bande-son de ce film bientôt un an après l’avoir vu.

          Pour ma part c’est tout simplement un des meilleurs animés que j’ai pu voir récemment, et tout simplement un des meilleurs films que j’ai visionné l’année dernière. Une petite pépite passée inaperçue puisque très peu et très mal distribuée en France, une perle que je recommande à tous les amateurs d’animation japonaise et de bon film. Vous ne serez pas déçu !